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L’ESSENTIEL By Vontobel

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15 déc. 2023 | 5 minutes de lecture
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Régulation européenne, or, emploi en France, exportations allemandes… Ne ratez rien des principales informations macroéconomiques et financières avec L’ESSENTIEL by Vontobel

Quoi de neuf

La Commission européenne adopte la directive CSRD

Si seules les sociétés de plus de 500 salariés ont l’obligation de présenter un rapport extra-financier, le périmètre des entreprises soumises à cette obligation va s’élargir dès 2024.

En effet, face à l’urgence climatique et désireuse de flécher les flux financiers vers des activités plus durables, la Commission européenne a adopté la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) connue sous le nom de « Directive sur les rapports de développement durable des entreprises » initiée en avril 2021 et publiée le 16 décembre 2022. Ces nouvelles obligations CSRD, qui viennent remplacer le reporting des normes ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance), quels que soient le niveau de maturité de l’entreprise, bouleversent l’organisation des entreprises.

L’objectif de la directive est de mieux encadrer les rapports extra-financiers, en d’autres termes les informations non monétaires des entreprises, grâce à un ensemble d’indicateurs harmonisés à l’échelle européenne sur la base d’une seule grille de lecture et ainsi renforcer l’engagement des entreprises en faveur du développement durable. L’autre ambition étant, bien sûr, de répondre aux objectifs du « Pacte Vert », c’est-à-dire d’atteindre la neutralité carbone en Europe d’ici à 2050. La caractéristique de ce processus normatif sans précédent et d’une ampleur inédite est son calendrier d’application très rapide.

 

Qui est concerné ? 

La CSRD concernera les grandes entreprises dépassant au moins 2 des critères suivants :

  • des effectifs  supérieurs à 250 salariés ;
  • 25 millions d’euros de bilan ;
  • 50 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Mais également les Petites et moyennes entreprises (PME) cotées en bourse (hors micro-entreprises de moins de 10 employés)  et les entreprises non européennes ayant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 150 millions d’euros sur le marché de l’UE. Cela vaut aussi pour les filiales de ces groupes, qui devront communiquer sur la démarche RSE de leur maison mère. La CSRD couvrira ainsi progressivement près de 50 000 entreprises en Europe. 

 

Qu’est-ce qui va changer ?

La CSRD va permettre de recueillir des informations précises sur un certain nombre de critères comme les impacts et les risques sur l’environnement, la société, l’Humain ou encore l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise. Elle va permettre aussi une uniformisation des informations dans une section nouvellement dédiée du rapport de gestion (le format digital devient donc obligatoire). Mais la pierre angulaire de la nouvelle directive CSRD est la double matérialité qui consiste à analyser tous les critères ESG (environnement, social, gouvernemental) sous un prisme financier à savoir les enjeux de durabilité sur les performances financières de l’entreprise et sur un prisme « impacts » de l’entreprise sur son environnement économique, social et naturel.

Si le cadre législatif se précise, pour autant bon nombre de questions restent encore en suspens ? Comment les normes peuvent-elles faire évoluer les modèles économiques des entreprises, en d’autres termes, comment peuvent-elles contribuer à la transition écologique ? Ces normes sont-elles applicables ? Sont-elles tenables et notamment pour les PME ? Plus simplement, ces normes vertes sont-elles seulement applicables ? Et enfin, sont-elles, une garantie supplémentaire pour les investisseurs ? Quoiqu’il en soit, ces nouvelles normes deviennent un outil d’aide à la décision et au dialogue entre les parties prenantes.

 

On en parle

Tout ce qui brille est de l’or

Plus de 2 100 $ l’once ! Le prix du métal jaune s’emballe. Il est au plus haut depuis mai 2023 et son précédent record historique à 2 080 $. Depuis son récent creux autour des 1 815 $ atteint en octobre dernier, la valeur refuge gagne 13%. Le métal jaune prouve comme lors de la crise du Covid qu’il est l’actif qui rassure par excellence.

 

Comment expliquer une telle envolée ?

D’abord parce que le dollar perd de sa superbe. En effet, le billet vert subit de plein fouet la fin du resserrement monétaire aux Etats-Unis, compte tenu du ralentissement de l’inflation. En deux mois seulement, le dollar a perdu près de 5% de sa valeur face à l’euro. Et le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Jérôme Powell a laissé entendre que, compte tenu du net ralentissement de l’inflation, les taux d’intérêt pourraient même commencer à baisser après 18 mois de remontée ininterrompue. Or mécaniquement une devise baisse en valeur lorsque les taux d’intérêt baissent. Et les investisseurs anticipent clairement ce scénario pour 2024. Parallèlement, lorsque les taux baissent les rendements obligataires deviennent moins attractifs. Or ces dernières semaines on assiste à un recul des obligations à 10 ans et plus, de part et d’autre de l’Atlantique. Mécaniquement, les investisseurs se reportent sur le métal jaune, la valeur refuge par excellence. La deuxième cause est l’instabilité des marchés financiers dans un contexte de ralentissement économique mondial et de résultats des entreprises inférieurs aux attentes des investisseurs d’autant que le contexte géopolitique se dégrade. Il existe une dernière cause qui alimente la hausse des cours de l’or : l’énorme engouement des banques centrales pour ce métal brillant. Leurs achats d’or se sont poursuivis au 3ème trimestre 2023 avec 337 tonnes d’or déposées dans les coffres avec un solde net sur les 9 premiers mois de l’année de 800 tonnes ! Depuis le début de l’année, les achats sont dominés par la Chine, la Pologne et Singapour. Fin octobre, Pékin a encore ajouté 78 tonnes d’or à ses réserves. Ce qui représente un total de 181 tonnes d’or en 9 mois. Et on rappelle qu’il s’agit là de données officielles. Les tonnes extraites des mines locales ne sont pas obligatoirement comptabilisées. Car en achetant du métal jaune, la Chine cherche à diversifier ses réserves et à moins s’exposer au dollar. A l’appétit grandissant des banques centrales, s’ajoutent une demande d’or qui elle aussi reste élevée, tant dans la joaillerie (environ 50% de la demande mondiale), que dans les industries (12%).

 

Est-ce que tendance est durable ?

Il y a toutes les raisons d’anticiper un métal jaune qui continue de grimper. L’inflation diminue et les taux vont entamer leur mouvement de baisse. Ce qui va alimenter un dollar plus faible. Le ralentissement économique se poursuit et devrait se prolonger tout au long de 2024 dans un contexte géopolitique toujours aussi incertain. Certains gestionnaires d’actifs pensent que l’or pourrait grimper jusqu’à 2 400 $ l’once.

On retient

Pétrole : en baisse

A sa dernière réunion, l'OPEP+ n'a pas permis aux cours du brut de remonter. En effet, l'Arabie Saoudite semble ne pas avoir convaincu les autres membres du cartel de réduire leurs niveaux de production pour soutenir les cours. Les objectifs de production sont donc restés inchangés et ont provoqué cette baisse. Sans compter que le ralentissement économique se poursuit et avec lui la baisse de la demande d’or noir.

Emploi en France : fragile

Les chiffres de l’emploi salarié du troisième trimestre constituent une bonne nouvelle : alors que l’on s’attendait à une stagnation, voire à une baisse, 36 700 emplois ont été créés sur le trimestre écoulé. L’avenir s’annonce cependant moins porteur.

La croissance économique ne devrait être que très faiblement positive au cours des trimestres à venir. Dans ce contexte, il est peu probable que l’emploi continue sa progression. De plus, la hausse de l’emploi est portée depuis quatre ans par la baisse de la productivité du travail (-3,3 % depuis 2019), ce qui augmente le nombre d’emplois nécessaires pour un volume de production donnée. Cependant, avec la fin des désorganisations liées à la crise sanitaire et le plafonnement de la hausse de l’apprentissage, la productivité du travail devrait de nouveau progresser (une évolution souhaitable à long terme) et donc les créations nettes d’emploi ralentir, voire diminuer.

Allemagne : à la peine

Les exportations de biens et services, moteur traditionnel de la croissance allemande reculent en volume chaque trimestre depuis un an : elles sont en baisse de 3,7% sur un an et en deçà de 0,6% par rapport à l’avant-Covid. La baisse s’explique principalement par le recul des biens exportés vers la Chine (-9% sur un an et -18% pour le secteur automobile). Toutefois, en octobre ce sont les exportations vers l’Union européenne (-2,7% sur un mois) qui expliquent le repli, conséquence du ralentissement de la demande dans la zone euro, compte tenu de la remontée des taux d’intérêt.