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L’ESSENTIEL By Vontobel

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5 déc. 2023 | 5 minutes de lecture
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Royaume-Uni, taux US, inflation… Ne ratez rien des principales informations macroéconomiques et financières avec L’ESSENTIEL by Vontobel

Quoi de neuf

Royaume-Uni : un ciel bien bas

Au troisième trimestre, la marche des affaires, de l’autre côté de la Manche, a progressé de 0,2% en variation trimestrielle selon les premières estimations de l’Office for National Statistics (ONS) et de 0,6 % sur un an. Une performance légèrement supérieure aux anticipations du consensus et de la Bank of England (BoE) qui tablaient sur une croissance nulle. La récession pourrait ainsi être évitée ?

Comme en France, c’est la demande domestique qui, tout au long du premier semestre, a résisté en dépit de l’ampleur de la hausse des taux d’intérêt (515 points de base depuis le début du resserrement en décembre 2021) et du rebond des faillites d’entreprise, désormais à un plus haut depuis 2009. Mais les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel…. Depuis septembre, les perspectives d’activité s’assombrissent avec un recul de 0,5% de la demande au 3ème trimestre. C’est le moteur de l’investissement des entreprises qui enregistre la plus forte baisse (-4,2 % en variation trimestrielle) amputant le PIB de 0,5 %, suivi par la consommation des ménages qui se replie de 0,4% sur le trimestre, en dépit des salaires qui sont restées solides (+7,5% sur un an, après +7,9% au deuxième trimestre). Une baisse qui représente une contribution négative de 0,3 % à la croissance. Quant à la consommation publique (- 0,5% en variation trimestrielle), à l’investissement immobilier (-1,7%) et aux variations de stocks, ils ont également pesé sur l’activité britannique, respectivement de -0,1%. Finalement, si le PIB parvient à se stabiliser sur le trimestre, c’est grâce à une faible progression (0,5% par rapport au deuxième trimestre) des exportations, combinée à une chute plus importante des importations (-0,8%) ; il en résulte une contribution positive du solde extérieur à la croissance trimestrielle du PIB de +0,4 %.

Le marché du travail…touché

Les perspectives à court terme restent déprimées en raison de la politique monétaire restrictive, mais aussi de la faiblesse de la croissance en zone euro, des contraintes liées au Brexit et du ralentissement de la demande mondiale sur fond d’incertitudes géopolitiques. Sans surprise, le ralentissement de l’activité impacte déjà le marché du travail avec une baisse de l’emploi sur les trois derniers mois qui s’accompagne d’une remontée rapide du taux de chômage (à 4,2% sur les trois mois à fin juillet contre 3,8% sur les trois mois à fin avril). La croissance du PIB pourrait reculer de -0,1% au quatrième trimestre et de +0,5% sur l’année 2023 après +4,3 % en 2022.

Et 2024 ?

Si la consommation ralentit, elle ne devrait pas totalement s’effondrer. Les ménages vont continuer de bénéficier d’une croissance des revenus réels du fait du ralentissement de l’inflation et d’un excès d’épargne significatif accumulé pendant la pandémie. Quant à l’investissement des entreprises, la hausse des taux et le Brexit resteront des freins puissants, tandis que les exportations, déjà en net repli depuis trois trimestres, devraient continuer de se contracter sur fond de ralentissement anticipé aux États-Unis et en zone euro.

On en parle

France : Le programme ETIncelles … pas si flamboyant

Après une phase pilote entamée début 2023 sur une première promotion composée de 50 PME en croissance, le programme ETIncelles a été officiellement lancé le 21 novembre en intégrant 50 nouvelles entreprises. Ce dispositif est né d’un constat simple : le nombre d’Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) en France est encore faible. Elle en compte 5 600, contre plus du double en Allemagne. À mi-chemin entre les PME et les grands groupes, les ETI qui comptent entre 250 et 4 999 salariés sont un actif stratégique pour la France puisqu’elles réalisent 33 % de leur chiffre d’affaires à l’export et emploient 3,2 millions de personnes, soit 25 % de l’emploi salarié. C’est pour combler ce retard français qu’un cap ambitieux de 500 PME accompagnées d’ici la fin du quinquennat a été fixé par le Gouvernement. L‘objectif : fluidifier au maximum les relations des entreprises du programme avec l’ensemble des services de l’État en levant les blocages administratifs éventuels et ainsi les aider à grandir.

Les entreprises ayant rejoint les deux premières promotions ETIncelles ont été sélectionnées selon trois critères principaux : d’abord, leur forte croissance réalisée au cours des deux dernières années et leur trajectoire importante de développement pour devenir une entreprise de taille intermédiaire (ETI), ensuite, leurs effectifs compris entre 60 et 220 salariés et enfin leur présence ou leur volonté de se développer sur les marchés à l’export ou de consacrer une part conséquente de leurs dépenses à la recherche et au développement.

Le programme d’accompagnement qui repose notamment sur un suivi individualisé et la mobilisation d’un réseau de 45 correspondants ETIncelles dans les organismes publics et les principales administrations est prévu pour une période de 12 mois.

Le compte n’y est pas

Ce programme suffira-t-il à rattraper le retard ? Pour bon nombre d’économistes, les moyens déployés risquent de ne pas être à la hauteur des objectifs fixés. D’abord parce qu’accompagner 500 PME ne suffira pas à faire naitre en France autant d’ETI que dans les autres pays européens. Dans le meilleur scénario, si l’ensemble des PME soutenues devenaient des ETI, leur nombre en France passerait à 6 300, soit un nombre nettement inférieur aux autres grands pays européens.

Quant au cœur du programme, à savoir « lutter contre la lourdeur administrative », le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, et la ministre déléguée chargée des PME, Olivia Grégoire, ne préparent-ils pas un énième plan pour la simplification des normes des entreprises ? Une grande consultation auprès d’une cinquantaine de fédérations professionnelles et parlementaires est d’ailleurs organisée d'ici à la fin de l'année, l’objectif étant que lors de ces « rencontres de la simplification » chacun des acteurs vienne « avec une ou deux mesures essentielles pour réduire le poids des normes ». Et cette grande vague de simplification devrait concerner toutes les entreprises, PME, ETI et grands groupes. Mais encore faut-il que des mesures concrètes émergent, parce que le « choc de simplification » a été, depuis plusieurs décennies, le cheval de bataille de tous les gouvernements successifs !

On retient

Etats-Unis : résilience

La hausse de 25 points de base des taux en juillet devrait être la dernière de la Réserve fédérale. Une incertitude demeure toutefois, compte tenu de l’inflation sous-jacente toujours élevée et de la résilience de l’activité et du marché du travail qui plaident, en tout cas, en défaveur d’une baisse des taux directeurs avant la mi-2024.

Chine : à la peine

Le commerce extérieur poursuit sa baisse mais à un rythme plus lent ; les exportations ont reculé de 6,4% en octobre en glissement annuel et les importations de 4,5%. Résultat : le solde commercial est repassé sous la barre des 800 Mds de dollars, après avoir frôlé les 1 000 Mds en avril dernier. Par ailleurs, en se détournant de sa cible habituelle de déficit budgétaire (3,8% du PIB en 2023 au lieu de 3%), Pékin envoie le message que la stabilisation de la croissance reste une priorité.

Europe : la baisse des prix est enclenchée

Stagnation de l'activité et désinflation éloignent un peu plus le scénario stagflationniste qui menaçait la zone euro il y a encore quelques semaines. L'inflation s'est encore repliée en octobre à 2,9% après 4,3% en septembre sous une baisse généralisée des prix de l'énergie (-11,2%), des produits alimentaires, des biens industriels non énergétiques et des services (respectivement 3,5% après 4,1% et 4,6% après 4,7%). Le pic de 10,6% d'il y a un an est donc bien loin.