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Croissance, Chine, États-Unis, pétrole et gaz… Ne ratez rien des principales informations macroéconomiques et financières avec L’ESSENTIEL by Vontobel
Quoi de neuf
Croissance : la France frôle la récession
Sacré coup de mou pour l’économie française. La croissance du produit intérieur brut (PIB) a ralenti à 0,1 % au troisième trimestre et se maintient ainsi tout juste en territoire positif.
Cette modeste progression du PIB entre juillet et septembre, marque un net ralentissement par rapport à la croissance de 0,6 % enregistrée au deuxième trimestre (un chiffre révisé par l’Insee de 0,1 point). Pour l’ensemble de l’année 2023, l’Insee anticipe une croissance de 0,9 %, identique à la prévision de la Banque de France. Une prévision qui devrait permettre à Bercy de tenir ses engagements budgétaires, tant en matière de dépenses que de recettes.
Si ce chiffre ne suscite pas l’enthousiasme, certes, force est de constater que la France se montre plus résistante que son voisin allemand (en récession), grâce à la structure de son économie, dominée par les services, qui a permis de limiter l’effet du ralentissement de l’industrie européenne. Et puis, il y a eu le « quoi qu’il en coûte » et reconnaissons-le, le mix énergétique particulièrement décarboné en France qui est devenu un atout majeur de l'attractivité de notre pays.
La demande intérieure : ça tourne
Plus en détail, c’est la demande intérieure finale (hors stocks) qui a contribué positivement à la croissance du PIB ce trimestre, avec une accélération de +0,7 point après +0,2 point au deuxième trimestre 2023, du fait d’abord de la consommation des ménages (+0,7 % après 0,0 %), notamment alimentaire qui repart à la hausse (+0,7 %) sur fond de désinflation (4 % sur un an en octobre, selon l'Insee, après 4,9 % en septembre) après huit trimestres consécutifs de baisse. De même, les achats de biens d’équipement rebondissent ce trimestre (+3,2 % après -0,8 %) tandis que les dépenses en matériels de transport accélèrent (+2,3 % après +1,4 %). L’investissement des entreprises a été également un accélérateur de la demande finale au troisième trimestre avec un bond de 1,0 % après +0,5 %), portée essentiellement par le dynamisme du secteur manufacturé (+2,6 % après +0,3 %). Alors que l’investissement en services marchands demeure bien orientée (+1,1 %) comme au trimestre précédent, en raison du dynamisme de l’investissement en information-communication (+2,5 % après +2,8 %), l’investissement en services liés aux transactions immobilières continue, en revanche, sa chute (-6,9 % après -3,9 %).
Le « made in France » boudé
À l’inverse, le commerce extérieur se contracte au troisième trimestre 2023 : les exportations se replient nettement après un deuxième trimestre dynamique (-1,4 % après +2,4 %), tout comme, dans une moindre mesure, les importations (-0,5 % après +2,5 %). Dans ce contexte, le commerce extérieur contribue négativement à la croissance du PIB ce trimestre (-0,3 point après -0,1 point) tout comme la variation de stocks. Elle s’établit à -0,3 point, après +0,5 point au deuxième trimestre 2023.
2024… au bon vouloir des consommateurs
Si l’économie française devrait réussir à se maintenir la tête hors de l’eau cette année, quid de 2024. La croissance dépendra, l’an prochain, du comportement des ménages et notamment de ce qu’ils feront de leur montagne d’épargne (18,1% du revenu disponible) mais aussi du cours du baril de pétrole qui pourrait s’envoler si le conflit israélo-palestinien se durcit. Car si le prix du pétrole s'emballe, l'inflation repart, et si l'inflation repart les Banques centrales remontent les taux d’intérêt… ce qui entrainera de facto un renchérissement du crédit immobilier. Pour l’heure, confiance et patience sont les mots d’ordre du Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. « Notre politique monétaire doit désormais être guidée par la « confiance », nous avançons résolument sur le chemin d'une inflation ramenée vers 2 % d'ici 2025 et par la « patience », la stabilisation des taux d'intérêt à leur niveau actuel, pour un temps encore, est nécessaire à leur pleine efficacité ».
On en parle
Économies mondiales : incertitudes à tous les étages
Le climat mondial des affaires devient de plus en plus incertain. Et les causes sont nombreuses : niveau élevé d’inflation, effets de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et depuis le 7 octobre, tensions géopolitiques qui persistent au Proche-Orient, avec des risques d’élargissement du conflit.
La prudence reste donc de mise sur les marchés car désormais, les principaux moteurs de croissance de l'économie mondiale sont sous pression. En Europe, la croissance a enregistré un léger rebond au deuxième trimestre 2023 (0,2% t/t) après deux trimestres de stagnation, avec des performances disparates d’un pays membre à l’autre, ce qui explique la faible performance d’ensemble. Si la France et l’Espagne tirent leur épingle du jeu, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas sont à la peine. Mais globalement, le resserrement monétaire pèse sur l’activité européenne, qui devrait en toute évidence stagner au 2ème semestre 2023. En 2024, la reprise devrait être lente et molle, certes, même si le reflux de l’inflation se poursuit. Car elle devrait rester supérieure à 2%, obligeant la politique monétaire à rester en territoire restrictif. Mais grâce aux hausses de salaires et au maintien de l’emploi, des soutiens puissants au pouvoir d’achat, le moteur de la consommation devrait permettre d’éviter la récession.
La Chine cherche son souffle
La croissance mondiale ne pourra pas non plus compter sur la Chine. Si la croissance s’est réveillée début 2023 à la suite de l’abandon de la politique zéro Covid, le rebond de l’activité s’est très vite essoufflé. Le moteur exportateur, pilier de la croissance chinoise, s’est enrayé en raison de la faiblesse de la demande mondiale et des tensions avec les États-Unis. Quant à la demande intérieure, elle reste dangereusement atone freinée par la baisse de confiance des ménages et des investisseurs le tout sur fond de crise immobilière, en dépit de la multiplication des mesures de relance du Gouvernement et de la Banque centrale. Malgré la légère amélioration de la croissance du PIB au troisième trimestre 2023, les autorités restent prudentes, notamment contraintes par l’excès de dette de l’économie.
Les Etats-Unis, locomotive en dernier ressort
L’Europe étant au bord de la récession et la Chine en perte de vitesse, c'est aujourd'hui l'économie américaine qui s'impose comme le principal moteur de la croissance mondiale. Preuve, les prévisions de croissance, impressionnantes une fois de plus.
Selon l’estimation provisoire du Bureau of Economic Analysis (BEA), le PIB des États-Unis a augmenté de 4,9% en variation trimestrielle annualisée au troisième trimestre (soit +1,2% en variation trimestrielle), après 2,1% au deuxième trimestre (+0,5%), dépassant ainsi les anticipations de marché (+4,7% en rythme annualisé). Le moteur principal : la consommation des ménages, à la fois en biens (+4,8% en rythme annualisé) et en services (+3,6%). Une hausse des dépenses qui se traduit par une baisse du taux d’épargne à 3,8% au troisième trimestre, contre 5,2% le trimestre précédent. Ce rebond compense en partie, le moteur de l’investissement qui ralentit fortement sur le trimestre et le moteur des exportations dont la contribution à la croissance est de -0,2 points (les exportations et les importations ayant augmenté à des rythmes équivalents).
Finalement, les effets du resserrement monétaire, s’ils sont nets sur les conditions d’octroi de crédit, demeurent limités sur l’activité et l’emploi. Reste que pour bon nombre d’experts, un tassement net au 4e trimestre est attendu, sous l’effet de la disparition du surcroît d’épargne des ménages et de l’essoufflement du moteur de la consommation privée qui devrait s’ensuivre. Le pic de l’inflation a été atteint mi-2022, la décrue de l’inflation sous-jacente s’amplifie mais elle reste lente. L’inflation devrait revenir au voisinage de la cible de 2% en 2024. La lenteur du processus de désinflation plaide en faveur du maintien de la politique monétaire en territoire restrictif, malgré l’amorce d’une détente des taux directeurs à la mi-année. La reprise attendue en 2024 devrait être limitée.
On retient
Cuivre : épuisable
En novembre, le prix du cuivre a progressé de 0,7% sur un an (à 8109 dollars la tonne). Nécessaire dans la conception de câbles, de batteries, de circuits électroniques, mais aussi dans la tuyauterie, les transports ou la fabrication de pièces de monnaie, le métal a vu sa demande doubler au cours des 25 dernières années. Suivant les estimations, le cours pourrait encore bondir de 40 % d'ici 2035, par rapport à son niveau actuel. Très peu recyclé et n'étant pas une ressource renouvelable, le cuivre devient de plus en plus rare chaque année, ce qui accroît sa valeur.
Gaz : en baisse
Le prix en novembre 2023 a chuté de 7 % grâce aux fondamentaux du secteur. Une baisse qui s’explique par l'accord trouvé entre Chevron et les syndicats en Australie, les flux élevés en provenance de Norvège et les stocks remplis à 98,5% grâce aux températures clémentes. En 2024, le prix devrait se stabiliser (+0,1%).
Pétrole : stable
Après avoir fortement augmenté, le prix du pétrole se maintiennent autour de 80 € le baril. Un prix bas qui s’explique essentiellement par un choc de la demande sous l’effet de la baisse de l’activité mondiale notamment de la Chine. Le cours pourrait, cependant, bondir si le conflit israélo-palestinien se durcit.