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L’ESSENTIEL By Vontobel

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16 oct. 2023 | 4 minutes de lecture
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Croissance française, États-Unis, inflation… Ne ratez rien des principales informations macroéconomiques et financières avec L’ESSENTIEL by Vontobel.

Quoi de neuf

Croissance française : à pas de tortue

Contre toute attente, l’activité en France a accéléré au 2ème trimestre de 0,5% par rapport aux trois mois précédents après un 1er trimestre de stagnation. Ce sont les exportations et dans une moindre mesure l’investissement des entreprises qui ont soutenu la croissance française, alors que la consommation et l’investissement des ménages sont restés en berne.

Mais pour 2023 et 2024, à la lecture des indicateurs publiés, un ralentissement de l’activité semble inévitable. La demande des ménages, le pilier de la croissance française, devrait continuer de subir les effets cumulés d’une inflation durablement élevée, du durcissement de la politique monétaire et du resserrement des conditions d’octroi de crédit. Or, l’épargne constituée lors de la pandémie s’épuise et ne pourra plus compenser d’autant que l’incertitude perdure quant aux prix de l’énergie pour l’hiver 2023-2024.

A tous ces vents contraires viennent s’ajouter les conditions financières qui resteront restrictives et empêcheront une accélération notable de l’activité.

L’investissement des entreprises suspendue à la demande des ménages

L’investissement des entreprises peut-il prendre le relais ? Pas si sûr. Certes, le moteur a continué de tourner à un rythme soutenu en 2022 en dépit des incertitudes et de la fin des aides publiques liées à la pandémie. Il a également fait preuve de résilience depuis le début de l’année grâce à la bonne profitabilité des entreprises, mais la hausse du coût de financement et de la baisse de la demande devraient peser sur les décisions d’équipements. Sans compter que les taux d’intérêt à un niveau élevé renchérissent le refinancement de la dette existante et pèsent sur les nouveaux projets d’équipements. Au total, l’investissement productif pourrait marquer le pas dès la fin de cette année et l’année prochaine.

Et il ne faudra pas compter sur les exportations pour compenser. La croissance des ventes à l’étranger devrait rester poussive. Mais bonne nouvelle, cependant : l’important déficit courant hérité de 2022, qui avait atteint presque 2 % du PIB pourrait se résorber avec la diminution de la facture énergétique. En effet, la France est à nouveau exportatrice nette d’électricité grâce à la normalisation de la production nucléaire, à des prix de l’énergie importée qui ont fortement diminué et aux besoins de reconstitution des stocks de gaz qui sont plus faibles qu’à la sortie de l’hiver 2021-22. Mais attention le solde courant reste exposé aux fluctuations du prix de l’énergie importée.

Finalement, la croissance française devrait rester faible en 2023-24 (en dessous de 1 %) alors que l’inflation devrait restera élevée en 2023, avant de diminuer en 2024-25.

On en parle

États-Unis : Résistance

Si les resserrements monétaires, outre-Atlantique, ont eu des effets directs sur les conditions d’octroi de crédit, leurs impacts sur l’activité et l’emploi demeurent finalement limités. Preuve, la croissance de l’Oncle Sam ne s’est que légèrement tassée au 1er semestre 2023 (+0,5% t/t en moyenne par trimestre), tirée par le puissant moteur de la consommation des ménages et les bons chiffres de l’investissement productif.

La croissance a atteint 2,1 % au deuxième trimestre 2023 après 2,2 % au premier trimestre en rythme annualisé. Et pour le 3e trimestre, le dynamisme de la consommation devrait continuer de maintenir l’économie à flot.

Il faut admettre que la résistance de l’économie américaine continue de surprendre.

Mais pour combien de temps encore ? Car les forces qui ont soutenu l’expansion au-delà des attentes, commencent à montrer quelques signes de faiblesse.

Vents contraires

L’épargne qui a largement été alimentée par les mesures sans précédent de relance budgétaire lors de la pandémie commence à baisser. En effet, pour faire face à une inflation élevée, les Américains commencent à puiser sérieusement dans leur bas de laine pour maintenir leurs dépenses et dans le même temps recourent massivement aux cartes de crédit au point que l’encours atteint un niveau record.  Reste que les impayés ne cessent d’augmenter ce qui sous-entend que le potentiel de hausse des crédits renouvelables pourrait être limité. D’autant que les conditions d’octroi de crédits se sont durcies.

Autre signe de faiblesse : le ralentissement du marché du travail. Certes encore solide, on constate tout de même un ralentissement du rythme des embauches, une forte baisse des offres d’emploi et une hausse des salaires plus faible.

Enfin, si le pic de l’inflation a été atteint mi-2022, la décrue de l’inflation sous-jacente reste lente et plaide en faveur du maintien d’une politique monétaire restrictive.

Si un atterrissage de l’économie semble pour bon nombre d’expert inévitable, il se fera malgré tout, en douceur.

On retient

Zone euro : l’inflation recule

La hausse des prix a reculé de 5,2% en août à 4,3% au mois de septembre : c’est son plus bas niveau depuis deux ans, un signal rassurant pour les investisseurs, qui pourrait renforcer la conviction selon laquelle la BCE a suffisamment relevé ses taux pour ramener l’inflation à son objectif.

Japon : fin des subventions

La consommation des ménages devrait soutenir mais modestement la croissance via la désépargne, mais l’effet des transferts du gouvernement pour atténuer les effets inflationnistes sur la consommation commencent à se dissiper. Ces mesures de soutien, comprenant les subventions visant à réduire les factures d’électricité des ménages de 20% de janvier à septembre 2023, à hauteur de 4,3% du PIB avaient été annoncées en octobre 2022 et ne seront pas prolongées. Mais bonne nouvelle, les hausses salariales soutiennent partiellement le pouvoir d’achat des ménages.

Égypte : alerte sur les prix

L’inflation en Égypte augmente dangereusement. Elle a atteint 37,4% en août 2023 en glissement annuel, dépassant de quatre fois le haut de la fourchette acceptable pour la Banque centrale d’Égypte, établie entre 5% et 9%. La hausse des prix est beaucoup plus élevée que lors de la précédente période d’inflation entre fin 2016 et début 2018 après la forte dévaluation de 52% de la livre fin 2016. Cette envolée des prix frappe toutes les catégories de produits et de services, mais c’est celle des produits alimentaires qui inquiète le plus, avec un bond de 72,7% en août dernier et de 63,6% en moyenne depuis le début de l’année.