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L’ESSENTIEL By Vontobel

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1 août 2023 | 5 minutes de lecture

Activité économique, décisions de la BCE, dépenses publiques, EURUSD… Ne ratez rien des principales informations macroéconomiques et financières avec L’ESSENTIEL by Vontobel.

Quoi de neuf

Une économie mondiale qui avance sur une seule jambe.

Si l’activité mondiale se montre plutôt résiliente en dépit du resserrement monétaire orchestré par plusieurs grandes banques centrales, il n’en reste pas moins que la marche mondiale des affaires reste fragile, car elle repose essentiellement sur le dynamisme des services et tout particulièrement sur celui des secteurs des loisirs, de l’hôtellerie et des transports.

Une résilience qui s’explique d’abord, par une épargne excédentaire des ménages accumulée pendant les crises du Covid et soutenue par la relance budgétaire en Europe, par des bénéfices exceptionnels des entreprises réalisés, notamment, grâce à des coûts plus élevés qu’elles ont répercutés sur les consommateurs et surtout par un marché du travail dynamique qui contribue davantage encore à soutenir les revenus des ménages.

La question est de savoir combien de temps cette résilience du secteur des services peut durer et ainsi compenser l’atonie du secteur manufacturier tombé en récession sous l’effet de la contraction de la demande mondiale et le ralentissement du secteur de la construction sous la pression des resserrements monétaires.

Dans les prochains mois, les marges de manœuvre des ménages et des entreprises vont inévitablement se réduire. Côté ménages, les coups de pouce au pouvoir d’achat en Europe, via la relance budgétaire, vont progressivement prendre fin. Et partout, le freinage de l’activité mondiale pourra avoir des répercussions sur le marché du travail. Déjà les offres d’emploi commencent à se tarir. Côté entreprises, il est clair que les hausses de coûts ne peuvent indéfiniment être répercutées. D’ailleurs, la progression de l’inflation ralentit. Reste la politique monétaire…

La fin des festivités

Après les mesures expansionnistes en réponse à la pandémie et plus récemment à la guerre en Ukraine, à des niveau records, la politique monétaire est devenue nettement moins accommodante. Cette orientation plus restrictive a commencé en 2021 dans les économies émergentes, suivie par la plupart des économies avancées en 2022. D’abord aux États-Unis à la fin du premier trimestre puis par la BCE dès le troisième trimestre.

Si la hausse des taux a été particulièrement rapide, son impact a été jusqu’à présent partiellement compensée par l’effet positif encore retardé des mesures de relance budgétaire, y compris les mesures de lutte contre l’inflation mises en place après l’invasion de l’Ukraine par la Russie au début de 2022. Mais la fin de la récréation a sonné et avec elle les mesures de soutien aux économies. Aux États-Unis, l’accord visant à suspendre le plafond de la dette jusqu’en janvier 2025 s’est accompagné́ d’un plafond sur les dépenses fédérales. En Europe, la réactivation des règles budgétaires en 2024 dont les discussions sont en cours exercera également une pression sur les politiques budgétaires. Les effets d’une politique monétaire plus restrictive pourraient se répercuter progressivement sur les marchés du crédit et sur la liquidité du secteur bancaire. Les hausses de taux d’intérêt pèseront plus ou moins lourdement sur la consommation des ménages et sur le secteur de l’immobilier, et par effet boule de neige, une hausse des défaillances d’entreprises, une baisse de la demande mondiale et une hausse du chômage sont certainement à prévoir.

On en parle

Hausse de l’euro : faut-il s’en réjouir ?

L’euro a retrouvé son niveau d’avant-guerre en Ukraine. Une bonne nouvelle ?

Oui, pour le consommateur qui remplit son réservoir d’essence car le pétrole vendu en dollars est moins cher ; oui, pour le touriste européen qui part en dehors de la zone. Mais clairement non, pour les producteurs européens qui exportent en dehors de la zone euro. C’est connu, l’euro fort est le poison des industriels européens qui craignent le fameux cercle vicieux d’une monnaie forte : baisse potentielle de compétitivité qui entraine une baisse d’activité. Et qui dit baisse d’activité dit baisse de croissance et in fine baisse des créations d’emploi. Certes, avec un euro autour de 1,12 $, nous ne sommes pas encore à un niveau alarmant. Pourtant l’inquiétude plane. Car si l’euro se renchérit, ce n’est pas pour de bonnes raisons.

La monnaie unique gagne du terrain face au dollar uniquement parce que les politiques monétaires de part et d’autre de l’Atlantique, divergent. Alors que les marchés anticipent que la politique monétaire restrictive de la Réserve fédérale va marquer une pause, à l’inverse la Banque centrale européenne continue son resserrement monétaire. En relevant ses taux, la BCE augmente le rendement de la monnaie unique. Car les investisseurs vont mécaniquement délaisser le dollar moins rentable pour se reporter sur la deuxième devise mondiale, l’euro. Comme en Bourse, une hausse de la demande d’euros entraine mécaniquement une hausse de la valeur.

 

Paradoxale, non ?

Aujourd’hui, l’euro fort est synonyme de faiblesse de l'économie et inversement le dollar faible est synonyme de rebond potentiel de l'économie. D’ailleurs, la croissance américaine pourrait dépasser 1 % alors que celle de la zone euro devrait atteindre en moyenne 0,4 -0,5 %.  Preuve donc qu’un durcissement trop sévère et trop long de la politique monétaire peut conduire à la récession.

 

La BCE, peut-elle être le pompier de la monnaie unique ?

En théorie, le contrôle des changes n’est pas inscrit dans les missions de la BCE. Pour autant, elle dispose d’outils qu’elle peut utiliser. Elle peut lancer des signaux via sa communication par exemple, qui oriente toujours les anticipations des investisseurs. La Banque européenne peut également utiliser l’arme des taux pour faire baisser le rendement de la monnaie unique, en d’autres termes elle peut marquer une pause dans sa politique monétaire restrictive. Enfin, elle peut relancer les Opérations de refinancement à plus long terme ciblées (TLTRO) pour compenser les effets négatifs induits par la politique monétaire, repratiquer le fameux « quantitative easing » pratiqué durant des années… voire, même acheter de l’euro.

Mais pour l’heure, cela reste de la théorie !

On retient

Bercy prévoit une baisse des dépenses de l'État en 2024, une première depuis huit ans.

Les 3 000 milliards d'euros de dettes et une croissance poussive (0,6 % selon l’Insee en 2023) sonnent la fin de la récréation. Pour réduire son déficit public, Bercy veut en finir avec le « quoi qu'il en coûte », démarré pour le Covid et prolongé avec la guerre en Ukraine. A la clé, et pour la première fois depuis 2015, une baisse des dépenses de l'État. D'après un document préparatoire du budget, les crédits accordés aux différentes missions de l'État pour 2024 atteindront 356 milliards d'euros, en baisse de 4,8 milliards d'euros par rapport à 2023. Car le gouvernement s'est fixé pour objectif de réduire à 108,3% du Produit intérieur brut en 2027 (contre 111,6% fin 2022) le lourd endettement de la France et de ramener sous l'objectif européen de 3% le déficit public (4,7% fin 2022).

 

Le cours du blé s'envole 

Après le refus de la Russie de reconduire l’accord pour les exportations agricoles maritimes d’Ukraine, qui avait permis de sortir près de 33 millions de tonnes de grains en un an, les marchés commencent à réagir. Les futures sur le blé pour une livraison septembre bondissent de plus de 8% à 7,26 dollars le boisseau à mi-juillet. Ils réagissent aux menaces du ministère de la Défense russe, qui a prévenu qu'à partir du 20 janvier, tout navire navigant en direction des ports ukrainiens de la mer Noire serait considéré comme des cargos transportant potentiellement des armes.
 

Le cuivre plus cher

Parce que nécessaire dans la conception de câbles, de batteries, de circuits électroniques, mais aussi dans la tuyauterie, les transports, ou la fabrication de pièces de monnaie, le cours du cuivre catégorie se porte bien. Il a bondi de plus de 13 % sur un an à mi-juillet. Mais, selon les estimations, il pourrait augmenter de plus de 30 % d'ici 2035, par rapport à son niveau actuel tiré par le développement des technologies vertes, telles que l'énergie solaire, éolienne ainsi que la fabrication des véhicules électriques. Sans compter que peu recyclé et n'étant pas une ressource renouvelable, le métal devient de plus en plus rare, ce qui accroît sa valeur en bourse.