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L'ESSENTIEL By Vontobel

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3 juil. 2023 | 5 minutes de lecture

Transition écologique, taux d’intérêt européens et américains, matières premières… Ne ratez rien des principales informations macroéconomiques et financières avec L’ESSENTIEL by Vontobel.

Quoi de neuf

Transistion écologique, le prix à payer

L’institution France Stratégie rattachée au cabinet de la Première ministre a rendu public, le 22 mai dernier, son rapport, commandé par  l’Exécutif, sur le coût de la décarbonation de l’économie française…

La boite à outils de la Première ministre qui a présenté le même jour son plan pour accélérer la baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici 2030. « Pour atteindre nos objectifs pour 2030 » de réduction de 55% des émissions par rapport à 1990 « et viser ainsi la neutralité en 2050, il va nous falloir faire en dix ans ce que nous avons eu de la peine à faire en 30 ans ». La messe est dite. À peu de chose près, cela équivaut à doubler le rythme auquel les investissements « climat » ont progressé jusqu’ici, en euros constants.

 

Comment alors rendre compatibles l'impératif écologique et la prospérité de l'économie ? 

Il ne faudra pas trop compter sur la sobriété énergétique. En effet, l’économiste Jean Pisani-Ferry, chef de file du rapport, souligne que les économies d’énergie ne pourront jouer que pour 15 % de la suppression des combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel) du paysage français. Cette transition énergétique vers les sources bas-carbone reposera donc à 85% sur les énergies renouvelables et le nucléaire.

Si pour l’économiste, la neutralité climatique est atteignable, pour y parvenir, la transformation d’ampleur comparable aux révolutions industrielles du passé, devra être globale et rapide et devra reposée sur les technologies vertes. Mais surtout, elle devra être pilotée par les politiques publiques et non par les innovations technologiques et les marchés comme lors des révolutions industrielles passées.

Reste que le remplacement du capital « brun » par le capital « vert » va, dans les dix ans à venir, appeler des investissements de grande d’ampleur que France Stratégie évalue à 66 milliards d’euros par an soit plus de deux points de PIB en 2030.

Or pour l’institution, le multiplicateur d’investissement associé à la transition écologique c’est-à-dire le surcroît de PIB que l’on peut en attendre, risque d’être faible. En cause, le poids des importations dans les technologies « vertes » (panneaux solaires, batteries, éoliennes) dominées par l’Asie (Chine, Japon, Corée) mais aussi les modes de consommation plus sobres, tels que le rapport anticipe, par exemple, la limitation de l’usage individuel de l’automobile.

 

Les ménages les plus aisés mis à contribution

Si les investissements pour décarboner l’économie ne permettront pas de produire plus ou plus efficacement du moins dans un premier temps, ils pèseront inévitablement sur la croissance française. Les dépenses nouvelles, que l’État se doit de porter et cette baisse de la croissance induiront un coût économique et social et donc un impact direct sur les finances publiques. France Stratégie annonce que le risque que fait peser la transition énergétique sur la dette publique « est de l’ordre de 10 points de PIB en 2030 (soit au moins 280 milliards d’euros, NDLR), 15 points en 2035, 25 points en 2040 ».

Pour autant, les rapporteurs jugent qu’il « ne sert à rien de retarder les efforts au nom de la maîtrise de la dette publique ». Et d’ajouter : « le coût économique de la transition ne sera politiquement et socialement accepté que s’il est équitablement réparti ». Pour conclure : « un accroissement des prélèvements obligatoires sera probablement nécessaire, qui pourrait être assis sur le patrimoine financier des ménages les plus aisés ». Mais ils ne seront vraisemblablement pas les seuls. Via le Private Equity, les investisseurs contribuent déjà au développement de solutions d'investissement durables qui financent la transition écologique, et accélèrent le passage à une économie « net zéro ».

On en parle

Des taux plus hauts de part et d'autre de l'Atlantique

La Fed a passé son tour en juin et opté pour un statu quo après dix hausses de taux consécutives. En effet, l’inflation américaine a encore reculé au mois de mai (à 4% sur un an après 4,9% en avril). Le taux Fed Funds reste ainsi fixé dans une fourchette de 5% à 5,25%.

Mais la Banque centrale américaine n’a pas dit son dernier mot. En juillet, tout laisse à penser qu’elle procédera à une nouvelle hausse compte tenu de l’inflation qui, malgré son mouvement de repli reste élevée, et de la résistance du marché du travail. Un ultime tour de vis monétaire qui pourrait peser sur l’économie de l’Oncle Sam et anticiper ainsi l’entrée en récession de l’économie américaine au second semestre 2023.

En résumé, si le mouvement de désinflation tarde à s’enclencher, pour autant le pic des taux longs a probablement été atteint. Ils devraient même baisser avec pour toile de fond le recul progressif de l’inflation et la perspective d’un desserrement de la politique monétaire… mais pas avant 2024.

 

La BCE poursuit son chemin

De ce côté-ci de l’Atlantique, la BCE, contrairement à la Fed a poursuivi son chemin en juin, au rythme de 25 points de base portant le taux de la facilité marginale de dépôt à 3,5% et le taux des opérations principales de refinancement à 4%.

Et elle n’est pas encore arrivée à destination. Car l’inflation reste encore élevée et la baisse au mois de mai, à 6,1% sur un an après 7% en avril, n’a pas convaincu la Banque centrale européenne, qui considère que la désinflation reste encore fragile. Cette incertitude a même poussé la BCE à revoir à la hausse la croissance de l’indice global des prix à la consommation à 5,4 % en 2023 contre 5,3 % par rapport à ses prévisions de mars, de 3 % contre 2,9% en 2024 et de 2,2 % contre 2,1 en 2025.

 

Coûts salariaux élevés en Europe

Cette révision à la hausse du taux d’inflation que la Banque centrale européenne justifie également par des coûts salariaux qui augmentent sous l’effet de l‘augmentation des salaires par tête face à un marché de l’emploi très résistant avec une baisse continue du taux de chômage à l’horizon 2025. Dans ce contexte, la Banque redoute que pour maintenir des profits à flot, les entreprises n’augmentent leurs prix, ce qui aurait pour effet d’enclencher une spirale inflationniste.

On retient

PMI MONDIAL : L’Indice mondial PMI composite (Purchasing Manager’s Index ou indice des directeurs des achats) a atteint son plus haut niveau depuis un an et demi (54,4 contre 54,2 en avril). Il s’agit de la quatrième augmentation consécutive. Toutefois, cette amélioration de l’activité mondiale masque une disparité entre le dynamisme du secteur des services qui a atteint son meilleur niveau depuis novembre 2021 (55,5 en mai) et la faiblesse du secteur manufacturier qui tutoie son plus bas niveau depuis janvier 2023. Dans les services, les États-Unis, l’Allemagne, la Chine et le Japon affichent un indice en hausse par rapport au mois précédent, alors qu’il s'est replié dans la zone euro dans son ensemble. Dans l’industrie, seules la Chine et l’Inde ont enregistré une amélioration du climat des affaires.


FRET MARITIME MONDIAL : L'indice composite mondial des conteneurs de Drewry poursuit sa baisse. Il atteint moins de 1500 $ par conteneur standard de 40 pieds en moyenne en juin, soit une chute de plus de 80 % sur un an. Il est inférieur de 43 % à la moyenne sur 10 ans de 2688 $ et à des niveaux proches de 2019 (avant la pandémie) de 1420 $. L’explosion de la demande de fret lors de la crise sanitaire qui avait provoqué une flambée des prix, semble dernière nous d’autant que la demande mondiale baisse.

 

PÉTROLE ET MATIÈRES PREMIÈRES : En mai, le prix du pétrole importé en euros poursuit sa baisse et recule de -9,9 % par rapport à avril et de -35 % par rapport à mai 2022. Du coup, il retrouve au printemps 2023 globalement son niveau moyen des dix dernières années. Pour ce qui est de l’ensemble des matières premières importées (hors énergie), le prix en euros a, lui aussi baissé de -2,7 % sur un mois et de -15 % sur un an. La baisse annuelle est particulièrement forte sur les matières agro-industrielles (-37,3 %) et industrielles (- 22,2 %). Hors énergie, les prix moyens d’importations restent cependant nettement supérieurs à leurs niveaux moyens des dix dernières années.