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Croissance française, CAC40, dollar, taux d’intérêt, matières premières… Ne ratez rien des principales informations macroéconomiques et financières avec L’ESSENTIEL by Vontobel.
Quoi de neuf
Croissance française en demi-teinte : L’activité économique française a progressé de 0,2 % au premier trimestre de 2023 après 0% au 4ème trimestre 2022 sur trois mois, selon les dernières prévisions de l’Insee.
La France s'installe dans une croissance à petite vitesse. Un rythme supérieur à celui enregistré au dernier trimestre 2022 durant lequel l'activité économique a finalement stagné. Pour l'institut de la statistique, l'acquis de croissance pour l'année s'élèverait à 0,4 % au premier trimestre. Un petit rebond de l’activité qui semble rassurer le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui a salué « la solidité »de l’économie française, dont les « fondamentaux tiennent bon ». « Les entreprises continuent d’investir et de créer des emplois, ce qui nous rapproche de notre objectif du plein-emploi ».
Les exportations prennent leur revanche
Premier pilier de l’activité : les exportations avec un bond de 1,1% sur un trimestre, soutenues par la nette progression des matériels de transports (+9,5% t/t). Du coup, la contribution du commerce extérieur à la croissance atteint +0,6 %, si l’on tient compte également du repli des importations (grâce notamment de la baisse des importations de produits pétroliers qui avaient été exceptionnellement élevées au 4e trimestre dans un contexte de grève dans les raffineries). La production industrielle a contribué, elle aussi à la progression de la richesse nationale grâce à l’accélération de la production de biens et services (+0,4 %). Et c’est surtout l’industrie manufacturière qui a fait preuve de dynamisme (+0,7 %). Quant à la production d’énergie, boostée par la réouverture de centrales nucléaires, elle a rebondi dans les raffineries, les grèves de mars contre la réforme des retraites ayant été « moins importantes » que celles d’octobre de l’an dernier, a détaillé l’Insee.
Entre entreprises et ménages, les trajectoires divergent
L’investissement des entreprises, quant à lui résiste : la hausse a, certes, été modérée (+0,1% t/t), mais à partir d’un niveau élevé : +4,6 % en glissant annuel et + 8,7% si l’on se rapporte au 4ème trimestre 2019 juste avant la crise du Covid. Reste que la dégradation de la situation financière des entreprises et celle du moral des patrons français en mai, comme en témoigne la baisse du climat des affaires pour le troisième mois consécutif, selon l'Insee, pourraient les inciter à laisser leurs projets d’équipements dans les cartons.
Quant à l’investissement des ménages, il subit de plein fouet la remontée des taux d’intérêt, Avec un nouveau repli de 1,4% t/t au 1er trimestre, il accuse un 4e trimestre consécutif de baisse de 4,1% sur un an. Dans le neuf, les ventes de logements ont reculé de 25 % au premier trimestre par rapport aux trois derniers mois de 2022, alors que les constructions dans le collectif sont au plus bas depuis 2010. Si la consommation des ménages ne s’est repliée que de 0,2 %, c’est que les achats de produits agroalimentaires, en chute libres sous l’effet d’une inflation à deux chiffres, a été compensée par un rebond de la consommation notamment en énergie, eaux et déchets…
Du jamais vu depuis 40 ans
Certes, la résistance du marché de l’emploi français dans un contexte de croissance quasi-nulle continue de surprendre. Selon l’Insee, le taux de chômage en France (hors Mayotte) ressort à 7,1% de la population active au 1er trimestre 2023, un taux historiquement bas, qui entretient les pressions sur les salaires. Dans ce contexte, la BCE devrait poursuivre la normalisation de sa politique monétaire. Une hausse des taux progressive est à prévoir.
Quant au marché boursier, l’indice phare de la Place de Paris reste déconnecté de l’économie française, les géants du CAC 40, en tête LVMH, Hermès, Kering et L'Oréal réalisant une part importante de leur chiffre d'affaires à l’international. Or à elles quatre, ces valeurs représentent plus de 35 % de la capitalisation du CAC 40. La déconnection pourrait bien se poursuivre.
On en parle
Le dollar à la peine : Depuis le début de l’année, le dollar peine à reprendre de l’élan. Alors que l’inflation outre-Atlantique, continue de ralentir – pour la première fois en deux ans, l’inflation est passée sous la barre symbolique de 5 % aux Etats-Unis (4,9 % d’après le Bureau américain des statistiques du travail) - les marchés estiment que la Réserve fédérale (Fed) ne modifiera pas sa politique monétaire à l’issue de sa réunion prévue le 14 juin prochain.
Peut-on pour autant évoquer d’ores et déjà la possibilité d’une baisse des taux, véritable pivot de politique monétaire ? Rien n’est sûr. Car s’il est vrai que le recul de l’inflation est une réalité aux Etats-Unis, le coût du logement s’infléchit à peine, la pénurie de l’offre freinant la correction des prix immobiliers. Quant au marché du travail, il reste tendu et entretient l’inflation salariale. Par ailleurs, le durcissement des conditions de crédit aux entreprises pourrait peser sur l’investissement des entreprises dans les prochains mois. Les taux directeurs devraient rester dans la fourchette comprise entre 5 % et 5,25 %.
Les perspectives sont négatives pour le dollar
La crise bancaire, avec près d’une douzaine de banques régionales américaines qui font face à une pression incroyable des marchés et l’incertitude concernant le relèvement du plafond de la dette compte tenu des négociations difficiles entre la Maison Blanche, le Trésor et le Congrès, pourraient peser négativement sur la monnaie américaine à court terme. Si le risque de défaut de paiement est brandi, l’histoire aura prouvé (depuis les années 1960, le plafond de la dette a été relevé 78 fois et près de 20 fois depuis 2001) qu’un accord se produit en dernière minute. Reste que ce contexte est défavorable au dollar américain. En d’autres termes, le dollar pourrait rester faible face à l’euro durant le 2ème trimestre. D’autant qu’un certain nombre d’indicateurs sont au vert de ce côté-ci de l’Atlantique. L’excédent structurel de la balance commerciale en zone euro, des flux de capitaux qui quittent les Etats-Unis pour venir se recycler en zone euro. Autre élément à prendre en compte : les nombreuses prises de positions spéculatives contre le dollar US qui accentueront d’autant plus la faiblesse de la monnaie.
On retient
TAUX D’INTÉRÊT : La Banque d’Angleterre (BoE) a procédé à une nouvelle hausse de 25 points de base de son taux directeur lors de la réunion du 11 mai 2023, portant celui-ci à 4,5%. Et le rapport du comité de politique monétaire (MPC) laisse présager que le cycle de hausse des taux pourrait se poursuivre compte tenu du niveau élevé d’inflation (10,1% en mars) et de l’activité résiliente.
PÉTROLE : Les cours du pétrole perdent du terrain sous l’effet des craintes de récession mondiale dans le contexte de la crise bancaire aux Etats-Unis et de l’affaiblissement de la demande mondiale, notamment chinoise, la Chine étant le premier importateur de brut au monde. La reprise économique du pays, qui dépend la reprise de la demande mondiale et domestique, reste cependant saccadée, une série de récents indicateurs économiques décevants ayant refroidi le marché.
LITHIUM : Ce matériau précieux pour le fonctionnement des véhicules électriques, a depuis le début de l’année 2023, vu son cours chuter de plus de 30 % sous l’effet d’une baisse de la demande du marché automobile chinois alors que l’offre accélère. Après avoir culminé à 84.500 dollars la tonne en novembre dernier, les cours du métal blanc ont reculé à 53.200 dollars.